L'actu du Numérique
Publié le :
30/12/2024
Temps de lecture :
15 min

Smartphone au collège : faut-il céder à la pression ?

Fabien RAVAUD
Mon assistant numérique
Rochefort
Fabien RAVAUD
Ayez le déclic du numérique !
Rochefort

À l'approche des fêtes de fin d'année et à d'autres moments de l'année comme les anniversaires ou les célébrations, de nombreux parents d'élèves entrant au collège font face à une question devenue incontournable : est-ce le bon moment pour offrir un premier smartphone à leur enfant ?

Selon l'étude JAMES 2022, 99% des jeunes de 12-13 ans possèdent désormais un smartphone en Europe. Un chiffre qui interroge sur la liberté réelle des familles face à ce choix.

La réalité du terrain

"Mon fils est le seul de sa classe à ne pas avoir de portable", témoigne Marie, mère d'un élève de 6ème à Bordeaux. Une situation qui reflète les statistiques : d'après le baromètre du numérique 2023 de l'ARCEP, 82% des 11-14 ans possèdent un smartphone en France, contre 76% en 2021.

Le smartphone est devenu un outil central de socialisation pour les adolescents, leur permettant de rester connectés à leurs camarades via les réseaux sociaux et les messageries instantanées, évitant ainsi le sentiment d'exclusion. Parallèlement, il joue un rôle clé dans la construction de leur identité numérique, où leurs publications et interactions reflètent leur image et leur appartenance à des groupes. Toutefois, cette double fonction s'accompagne de défis : la quête de validation sociale, les risques liés à la confidentialité et l’impact d’une mauvaise gestion de leur réputation en ligne. L’éducation au numérique reste essentielle pour un usage équilibré et sécurisé.

Passé ce constat, nous allons d'abord analyser les aspects positifs de posséder un smartphone pour un adolescent.

Un adulte offre un smartphone à un enfant

Les avantages potentiels du smartphone pour un collégien

Selon une étude de l'UNAF en 2023, 87 % des parents considèrent la sécurité, notamment grâce à la géolocalisation et au contact permanent, comme une motivation majeure pour l'achat d'un smartphone, tandis que le Dr. Sarah Lebrun, pédopsychiatre, met en lumière son rôle essentiel dans l'intégration sociale, les groupes WhatsApp de classe devenant un prolongement naturel de la socialisation scolaire.

Ainsi, les smartphones peuvent renforcer les liens sociaux existants en permettant une communication continue et instantanée, même à distance. Une étude de l'INSEE indique que le téléphone joue un rôle de compensation pour les groupes sociaux exposés à une plus grande fragilité de leurs relations en face à face, comme les personnes vivant seules ou dépourvues de travail.

Les applications de messagerie et les réseaux sociaux permettent également de maintenir des contacts réguliers avec des proches géographiquement éloignés, ce qui contribue à l'intégration sociale dans des contextes de solitude ou d'isolement, selon la même étude.

Les téléphones intelligents modifient la nature de nos interactions sociales. Ils permettent de rester en contact avec des personnes éloignées, d'accéder à des informations instantanément, et de partager des moments de la vie quotidienne.

Certaines fonctionnalités et les applications mobiles jouent également un rôle essentiel dans l'inclusion sociale des personnes en situation de handicap. Les fonctionnalités d'accessibilité intégrées dans ces applications garantissent une meilleure expérience pour ces utilisateurs, contribuant ainsi à une société plus inclusive et équitable.

Un smartphone crée un lien social

En plus d'assurer un contact permanent qui rassure les parents et procure aux adolescents un sentiment de sécurité, notamment lors des trajets, l'un des principaux avantages du smartphone pour les parents est la possibilité de joindre leur enfant à tout moment, plus spécifiquement en cas de retard ou d'urgence. Cela offre une tranquillité d’esprit, sachant que les parents peuvent également contacter leur enfant immédiatement si besoin. Une étude danoise a montré que les téléphones donnent aux enfants une mobilité indépendante, les aidant à s'orienter dans un environnement inconnu et à rester en contact avec leurs parents et amis.

Ces objets numériques permettent aux enfants de mieux organiser leur temps et leurs activités extrascolaires. Cela inclut la possibilité de planifier des sorties, de participer à des groupes de discussion concernant la vie scolaire, et de rester informés sur les événements importants, ce qui rassure les parents quant à la capacité de leur enfant à gérer son temps de manière efficace.

Certains parents peuvent utiliser les fonctionnalités de géolocalisation pour surveiller leurs enfants, s'assurent qu'ils suivent le bon itinéraire et qu'ils se trouvent bien là où ils sont censés être. Réciproquement, ils peuvent recevoir des notifications en cas de problèmes, ce qui accroît ce sentiment de sécurité déjà évoqué.

Le smartphone est un outil qui permet de rassurer les parents

L'objet de l'Homme moderne se révèle être un outil pédagogique précieux lorsqu'il est utilisé de manière contrôlée, offrant des ressources éducatives et des applications d'aide aux devoirs.

En dotant leur enfant d'un appareil mobile, les parents peuvent éduquer celui-ci sur l'utilisation responsable de la technologie. Cela inclut la gestion d'un forfait, la limitation du temps d'utilisation, et la sensibilisation aux risques liés à internet. Cette responsabilisation contribue à rassurer les parents sur la maturité et la capacité de leur enfant à gérer cet outil de manière appropriée. Chez Mon Assistant Numérique, nous avons des formateurs qui viennent en aide aux familles pour sensibiliser sur ces dangers.

En résumé, il contribue au développement de l'autonomie et de la responsabilité chez les jeunes, tout en jouant un rôle crucial dans leur intégration sociale, évitant ainsi le sentiment d'exclusion dans un environnement où cet outil est devenu incontournable.

Nous allons désormais explorer les inconvénients pour un enfant de 12 à 14 ans d'avoir son propre téléphone.

Les risques identifiés à l'usage d'un smartphone

Le smartphone, bien qu'indispensable dans la vie moderne, soulève de nombreuses préoccupations, notamment en matière de santé mentale, avec 41 % des collégiens déclarant se sentir stressés par les notifications permanentes selon une étude de l'INSERM (2023), et une utilisation moyenne de 4h27 par jour qui peut favoriser la dépendance, impactant le sommeil, la concentration et les relations sociales.

Des études récentes ont démontré que l'utilisation problématique des smartphones chez les adolescents est fortement liée à l'anxiété, à la dépression et à l'insomnie. Par exemple, une étude menée par le King's College de Londres a révélé que les adolescents de 16 à 18 ans ayant une utilisation problématique de leur smartphone sont deux fois plus susceptibles de souffrir d'anxiété et trois fois plus susceptibles de souffrir de dépression comparativement à ceux qui n'ont pas d'utilisation problématique.

Chez les adolescents plus jeunes (13-16 ans), près de la moitié de ceux ayant une utilisation problématique ont signalé de l'anxiété et, plus de la moitié, des symptômes de dépression.

L'utilisation excessive des smartphones, spécialement en soirée (20h-00h), perturbe significativement le sommeil des adolescents. Une étude a montré que les jeunes qui utilisent des écrans le soir ont un risque accru de perte de sommeil, allant jusqu'à 147% si cela se fait dans le noir.

Le smartphone a une part non négligeable sur la santé, notamment le sommeil, chez les 15-25 ans

L'addiction aux écrans peut entraîner une sédentarité accrue, de l'obésité, des troubles de la vision, et des risques cardiaques. Par exemple, passer 14 heures ou plus par semaine sur Internet peut augmenter les risques d'hypertension chez les adolescents. Quand on sait que la moyenne de temps d'écran chez les ados est de 13h...

Les adolescents hyperconnectés peuvent développer des troubles de l'attention et de la vigilance, ainsi que des perturbations de l'hygiène de vie et de l'alimentation. Ils peuvent également ressentir des symptômes tels que la perception de sonneries ou vibrations fantômes, un signe de dépendance accrue.

L'utilisation excessive des smartphones peut conduire à une diminution des relations sociales et à une réduction du temps consacré à d'autres activités telles que les sports, les activités culturelles ou familiales. Les adolescents peuvent se sentir isolés et développer un sentiment de manque de confiance en soi.

76% des ados de 12 à 15 ans souffrent de nomophobie, la peur de perdre son téléphone.

En parallèle, il expose les jeunes à des risques comme le cyberharcèlement, en augmentation de 35 % selon l'association e-Enfance, ainsi qu'à des contenus inappropriés tels que la pornographie ou les discours haineux, tandis que son coût représente une charge importante pour les familles.

Les outils numériques, le smartphone en première ligne, favorise le cyberharcélement

Le prix d'un premier smartphone neuf est situé entre 150 et 300€ dans de nombreuses familles. D'autres opteront pour un smartphone d'occasion ou reconditionné, hérité d'un parent ou du grand frère, par exemple. Certaines familles n'hésitent pas à casser la tirelire pour offrir à leur pré-ado un smartphone de luxe situé au-delà des 800€.

Les parents devront également prendre en compte le forfait de téléphone, une charge mensuelle supplémentaire qui varie de 2€ à 25€ en moyenne pour un ado.

Les solutions parentales

L’utilisation du contrôle parental, gratuit depuis la loi du 2 mars 2022, combinée à un contrat d’utilisation clair entre parents et enfants, permet de fixer des règles essentielles pour encadrer les pratiques numériques.

Cette mesure vise à protéger les mineurs de l'exposition à des contenus choquants, violents ou pornographiques et à faciliter l'utilisation des systèmes de contrôle parental par les parents.

Les dispositifs de contrôle parental doivent permettre de restreindre l’accès à certains contenus en ligne, de limiter le temps d’utilisation, et de surveiller les activités en ligne des enfants. Cela inclut la possibilité de bloquer des sites web, d’interdire certaines applications et de fixer des plages horaires d’utilisation autorisées.

Le contrôle parental doit être une solution indispensable pour encadrer l'usage d'un ado avec son smartphone

Ce cadre peut être complété par un contrat moral passé entre l'enfant et ses parents. Voici quelques éléments clés à inclure dans ce contrat :

  • Durée journalière maximale d’utilisation : Définir les heures et les jours où l’utilisation du téléphone est autorisée, avec des adaptations possibles selon les périodes (semaine, week-end, vacances scolaires)
  • Moments et horaires d’utilisation interdits : Spécifier les moments où le téléphone ne doit pas être utilisé, tels que pendant les repas, les devoirs, les temps passés en famille ou avec des amis, et avant de se coucher
  • Règles de civisme et de comportement en ligne : Établir des règles pour éviter le partage d’informations personnelles, les insultes en ligne, et les moqueries via les réseaux sociaux
  • Types d’activités autorisées et interdites : Définir quelles applications et contenus sont autorisés ou interdits, et pourquoi

La mise en place d’un contrat d’utilisation doit être accompagnée d’un dialogue ouvert et constructif entre les parents et les enfants sur les dangers d'Internet et du numérique. Les parents se doivent eux-mêmes d'avoir un comportement exemplaire. Cela permet de responsabiliser l’enfant dans ses usages numériques et de lui expliquer les raisons derrière les règles établies.

Alternatives au smartphone

Pour assurer la sécurité de leur enfant tout en évitant une utilisation précoce et non maîtrisée du smartphone, certains parents optent pour des téléphones basiques ou bridés, limités aux appels et SMS, une solution adoptée par 23 % des parents en 2023. D'autres préfèrent retarder l'acquisition ou instaurer un usage progressif, élargissant les fonctionnalités à mesure que l'enfant gagne en maturité et en responsabilité.

Pour les parents souhaitant un smartphone abordables avec des fonctionnalités à débloquer au fur-et-à-mesure de l'évolution de l'enfant, on peut citer le Wiko Y52, le Xiaomi Redmi Note 13, le Samsung Galaxy A14, ou encore le Nokia C12 qui sont souvent recommandés pour les adolescents. Un Nokia 3310 Nouvelle Génération pourrait aussi faire l'affaire avec ses caractéristiques très limitées. D'autres marques aux prix aussi réduits que les fonctionnalités du téléphone (appelons-les comme ça, plutôt que smartphone) peuvent aussi être citées : Alcatel, Echo, Doro, Telefunken.

En conclusion

Plus qu'une question d'âge, c'est l'accompagnement qui prime. L'UNESCO recommande depuis 2023 une "éducation numérique progressive" dès l'entrée au collège, associant parents et établissements scolaires. L'acquisition d'un smartphone pour un enfant entrant au collège est une décision complexe qui doit être mûrement réfléchie. Il est important de peser les avantages et les inconvénients, de prendre en compte la maturité de l'enfant et de mettre en place un encadrement parental adapté. Le dialogue, l'éducation numérique et l'établissement de règles claires sont les clés d'un usage responsable et sécurisé du smartphone.

Pour les 11-15 ans, le smartphone offre alors aux parents une connexion constante avec leur enfant, favorise son autonomie et sa mobilité, fournit des outils d'organisation et de sécurité et représente une opportunité éducative et de responsabilisation, contribuant ainsi à leur tranquillité d'esprit.

Dans notre réseau de professionnels du numérique, nous sommes engagés et persuadés que l'éducation au numérique est indispensable à l'époque actuelle. Il est de notre devoir d'informer les parents et leurs enfants à un usage plus raisonné et raisonnable. Prenez contact avec votre assistant numérique local pour un atelier de sensibilisation, une formation ou un accompagnement au numérique.

Cet article a été écrit par
Fabien RAVAUD
Mon assistant numérique
Rochefort
Aller sur sa page

Vous aimez cet article ?
Ceux-là devraient vous intéresser :